Article publié le 17/12/2025 par Mathieu

Edika, adieu et merci !

Le maître de l'humour absurde n'est plus.

C'est avec un regret immense que nous avons appris le décès d'Edika, de son vrai nom Edouard Karali, survenu le 16 décembre 2025, à l’âge de 85 ans.

Le dessinateur d'origine égyptienne était l'un des piliers de la création et de l'humour trash qu'on retrouve depuis plus de 50 ans dans Fluide Glacial. Comme pour nous faire un dernier pied de nez, il est parti quelques heures avant son anniversaire, le 17 décembre.

« La première fois que j'ai lu Gotlib, je me suis dit : “Merde, il y a un type qui fait ça, donc on peut le faire, on a la permission de le faire !”» expliquait Edika dans une interview accordée aux Cahiers de la bande dessinée.

Le groupe Bamboo et Fluide Glacial sont en deuil. Le magazine pleure la disparition d’Édika, l’un de ses auteurs emblématiques et une figure majeure de la bande dessinée française. Mais au-delà de l’immense dessinateur, c’est un ami cher que la rédaction perd aujourd’hui : un homme discret, délicat, profondément humain, et d’une drôlerie inépuisable.

Un génie dans son genre.

D’un naturel réservé, presque timide, Édika ne se livrait pleinement que face à sa feuille blanche. Là, il était libre. Libre de tout oser, de tout détourner, de tout exploser. Depuis son arrivée dans Fluide Glacial en 1979, il s’est imposé comme un auteur culte, adulé par des générations de lecteurs. Son talent était unique, immédiatement reconnaissable, inclassable. Année après année, il est resté l’un des auteurs préférés du public, un pilier du magazine, un repère.

Pour la rédaction comme pour les lecteurs, Édika était — et restera — le prince incontesté de la déconnade et de l’humour absurde. Le champion de l’inattendu, le virtuose de l’anti-chute, le maître de l’acrobatie narrative, le roi des couvertures mémorables. Il excellait dans les dialogues sans queue ni tête, les montages photos psychédéliques, les inventions délirantes — des bouglous aux sens giratoires inversés — et la création de personnages devenus mythiques.

Des punks poétiques aux athlètes bodybuildés à la grâce improbable, des divas aux formes généreuses au chat Clark Gaybeul, sans oublier Bronsky Proko, son alter ego dessinateur, toute une galerie de figures loufoques peuple aujourd’hui l’imaginaire collectif de la bande dessinée. Des personnages qui, sans doute, pleurent eux aussi la disparition de leur créateur.

Tout au long de sa carrière immense et prolifique, Édika a partagé avec ses lecteurs un plaisir communicatif : celui de dessiner sans contrainte, de laisser son imagination déborder, de ne jamais se censurer. Chaque planche était une invitation au rire, à la surprise, à la liberté totale.

Pour nous avoir fait rire sans relâche, pour les moments inoubliables partagés au sein de la rédaction de Fluide Glacial, pour sa simplicité, sa gentillesse et sa présence discrète mais essentielle, Édika restera à jamais gravé dans nos mémoires. Nos pensées les plus affectueuses vont à sa famille, à ses enfants et petits-enfants, à ses proches, ainsi qu’à ses innombrables lecteurs.

Pour une fois — et seulement pour celle-ci — le rire se tait un instant en pensant à notre cher Édika.

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