RÉVÉLATIONS sur la fusillade sanglante à Dead Indian Peak.

Avec le témoignage de Elfie P., Mattie G., et Marian P. Par Paul C. Peterson
VOUS AVEZ VÉCU DE L’INTÉRIEUR L’ATTAQUE DU RELAIS DE DEAD INDIAN PEAK PAR LA BANDE DE BURT BELL. UN ÉVÉNEMENT QUE VOUS ÉVOQUEZ AUJOURD’HUI DANS UN LIVRE ILLUSTRÉ. COMMENT LES AUTEURS VOUS ONT-ILS CONVAINCU DE LEUR CONFIER VOTRE TÉMOIGNAGE ?
Marian P. : Ils ont su trouver les mots, et nous prouver que derrière leur démarche demeurait une véritable intention. Vous savez, les gens n’aiment pas trop les jacasseurs par ici ; et encore moins les matamores. Ce qui s’est passé ce jour-là à Dead Indian Peak aurait pu arriver à n’importe qui, n’importe où, et n’importe quand. Je crois que nous avons surtout eu de la chance. Enfin... façon de parler.
Mattie G. : L’Ouest sauvage n’a pas volé son nom ! J’en sais quelque chose, et je l’ai longtemps payé de ma personne. Peut-être même ne serais-je plus là pour vous en parler si je n’avais pas croisé la route de Lew. Vous devriez d’ailleurs vous intéresser à lui ! Personne ou presque n’a parlé de Lew. À l’époque, vos confrères se sont contentés d’un entrefilet, alors que son rôle a été essentiel dans cette affaire.
Elfie P. : Et puis vous êtes marrant, monsieur le reporter ! Avez-vous pensé que nous aurions pu être considérées comme des témoins gênants ? Que d’autres compagnons du gang de Burt Bell auraient pu avoir l’idée de débarquer à Dead Indian Peak pour passer un petit moment en tête à tête avec nous ? Nous avons dû faire profil bas, même si je les aurais accueillis de pied ferme avec ma carabine si j’avais été contrainte de le faire.
Marian P. : Tout doux Elfie, tu sais très bien que je ne tolère aucune complaisance avec les armes et la violence...
Elfie P. : Oui Marian, excuse-moi. Bref, que voulez-vous savoir au juste ?
QUE S’EST-IL RÉELLEMENT PASSÉ CE JOUR-LÀ À DEAD INDIAN PEAK ?
Elfie P. : Vous voulez aussi que nous lisions le livre à votre place ? Tout ce que nous avons à dire se trouve dans Leave Them Alone.
Mattie G. : Il s’est passé ce qui devait un jour arriver. Les gentils ont rencontré les méchants, et à la fin, ce sont les bons qui ont gagné. Non, je plaisante, ce serait trop facile, vous ne trouvez pas ? En vérité, il n’y a pas de bonnes valeurs ni de principes face à la violence et à la souffrance. Il y a juste un relais au milieu du désert d’Arizona. À moins de se défendre et d’être soi-même un animal, il est impossible de survivre dans ce genre d’endroit.
Marian P. : Je crois qu’il faut surtout que vous compreniez qu’il n’y a pas eu de héros à Dead Indian Peak. Tout le monde a été très fort. Si l’un d’entre nous avait failli, c’est tout le groupe qui s’effondrait. Donc non, il n’y a pas eu de héros à Dead Indian Peak. Juste des braves gens qui ont tenté de s’en sortir.
QUE PENSEZ-VOUS DE LA MANIÈRE DONT LES AUTORITÉS DE FLAGSTAFF ONT GÉRÉ CETTE CRISE ?
Elfie P. : Ils se sont tous comportés comme des lâches ! Le maire, le shériff, les gens de la Wells Fargo, ceux des banques... Tous ces ronds-de-cuir ont mis un mois à réagir, tout cela pour pas grand-chose. Où étaient les fines gâchettes du comté de Coconino ? On aurait bien aimé les voir affronter Burt Bell et ses hommes avant qu’ils n’attirent tous les desperados de la région.
Marian P. : Si j’ai tendance à tempérer la jeunesse et les ardeurs de ma petite Elfie, je dois bien reconnaître que, sur ce point-là, elle a totalement raison. Si ceux qui prétendent faire régner un semblant de loi en Arizona avaient pris leurs responsabilités, peut-être que tout cela ne serait jamais arrivé. C’est tout de même fou que l’on puisse laisser des hors-la-loi imposer ainsi leurs règles.
Mattie G. : J’ai fait partie des premières à m’installer à Flagstaff. Warren Baxter m’avait emmenée dans ses bagages. Moi, je n’avais pas vraiment envie d’aller me planter dans le désert. Mais c’est le genre de type à qui l’on ne peut pas vraiment dire non... Toujours est-il qu’au saloon, nous avons vu la clientèle évoluer au fil des années. Et pas vraiment en bien...
LA RUMEUR DIT QUE VOUS FRÉQUENTIEZ ÉGALEMENT UN NATIF AMÉRICAIN. EST-CE VRAI ?
Marian P. : Vous pouvez parler au présent, car c’est toujours le cas. Et au passage : Mad Wolf est Navajo. Je le connais depuis des années, et il n’a rien à voir là-dedans. Enfin, pas directement... En tout cas, je préférerais que vous le laissiez en-dehors de tout cela. Cela risque encore de lui attirer des ennuis, à lui et à ceux des siens qui sont encore en vie.
Elfie P. : C’est lui qui m’a appris à chasser. Même si aujourd’hui, l’élève dépasse largement le maître. En tout cas à la Winchester...
Mattie G. : Quelle vantarde ! Moi j’ai appris à connaître Mad Wolf. C’est un homme bien, simple. Il ne juge pas les autres. Je ne comprends pas pourquoi la plupart de nos clients se sentent encore aujourd’hui mal à l’aise en sa présence.
N’AVEZ-VOUS DONC JAMAIS EU PEUR ?
Elfie P. : Peur de quoi ? J’ai vu mon premier macchabée à l’âge de six ans, et ma première attaque de diligence à sept. C’est ainsi, c’est l’Ouest. Je ne serais pas ici avec ma grand-mère si nous n’avions pas l’esprit pionnier dans la famille.
Mattie G. : Moi au contraire, j’ai souvent eu peur. Et il m’arrive encore de faire des cauchemars de l’époque où je travaillais au saloon et où j’ai rencontré Lew. Je me sens aujourd’hui beaucoup plus sereine. Comme si j’avais su éloigner le mauvais esprit de Flagstaff.
Marian P. : Je crois que les lecteurs se rendront très vite compte que la peur peut être très bonne conseillère. Tout est une question de mesure. Sur ce, je pense que nous allons devoir mettre un terme à cet entretien. Vos collègues du Tombstone Epitaph et du Phoenix Herald veulent certainement eux aussi connaître les secrets de Dead Indian Peak...
Découvrez la nouveauté BD Leave Them Alone, sortie prévue le 15 octobre
1874. L’Ouest américain est une zone de non-droit.
Les voyageurs et les migrants sont des proies faciles pour les bandits et les pillards.
La vie des habitants, et des femmes en particulier, est plus cruelle que jamais.
Au paisible relais de Dead Indian Peak, tenu par la vieille Marian Potter et la jeune Elfie,
nul ne se doute de l’arrivée imminente d’une femme aux abois,
d’un mystérieux cavalier, ainsi que d’une bande de tueurs.
Et, dans leur sillage, le convoi d’une malle remplie d’argent…